POINT NEMO - Collectif 1+1
En ces temps difficiles, les lieux de haute solitude sont une source de rêverie possible à des voyages immobiles. Ainsi, nous avons choisi le point Nemo comme symbole d’un monde en péril et comme point de départ d’une interrogation profonde sur ce que nous sommes.
Les projections utilisées pendant ce voyage ont plusieurs formes : tantôt précises, issues de photographies et de captations vidéos réalisées en Corse par Armand Luciani, tantôt oniriques et irréelles.
La métaphore du point Nemo, c’est-à-dire d’un retranchement de l’être, d’une forme de disparition, est une pièce chorégraphique corrélée à des images projetées.
Dans la première partie de la pièce, la danse est tout d’abord vive, captive d’un trop plein d’émotion. Puis, au fil de l’eau et au gré des vagues, elle se fera onduleuse, plus simple mais plus puissante, allant vers la plénitude d’un dépouillement brut et sans artifices.
Le Point Nemo est alors atteint, différent pour chacun des danseurs, les projections se succèdent, correspondant à leurs propres expériences de vie, alliant introspection et dévoilement par l’utilisation du concept scénique du double écran : projection et écran portatif. La musique se fait plus calme, abstraite, minimale, absente.
Telle l’Odyssée d’Ulysse, le voyage implique un changement, une rupture initiatique. La troisième partie du spectacle, le retour n’aura alors que l’apparence de l’identique : les corps auront appris le caractère de l’essentiel. En effet, au fil de la pièce, les danseurs se seront libérés de l’inutile. Semblable au mouvement même de la création et de sa genèse, la danse prendra alors la forme nouvelle d’une véritable rédemption. Quant à la musique, d’abord omniprésente, étouffante, oppressante même, dans la première partie, elle se diluera dans le temps de l’intériorité afin de résonner dans quelque chose de plus pur qui touche l’âme.